Dallas Buyers Club

A l'approche des Oscars 2014, je vous propose de jeter un œil à un film dont les interprètes ont toutes les chances d'être bientôt en possession de la si convoitée statuette.

Histoire :

1985. Ron Woodroof est un cow-boy Texan assez "redneck" : pratiquant le rodéo, possédant un penchant certain pour l'alcool, les femmes faciles (strip teaseuses, prostituées de préférence), sniffant une petite ligne de temps à autre. Il est également homophobe, raciste et très machiste. Sa vie bascule le jour où il apprend qu'il a le virus du Sida et qu'il lui reste environ 30 jours à vivre. Révolté par cette nouvelle et par l'impossibilité de se soigner efficacement de façon "légale", il décide de fonder le "Dallas Buyers Club", un club d'échanges de médicaments (non approuvés par les autorités responsables dans la lutte contre le sida) entre porteurs de la maladie. Il est aidé dans son business par Rayon, travesti toxicomane lui aussi atteint du virus.

Mon avis :

"Dallas Buyers Club" relate des événements se déroulant au milieu des années 80 (le film est inspiré d'un histoire vraie), il n'en reste pas moins terriblement actuel dans son traitement : malgré les progrès effectués dans la lutte contre le SIDA, les médicaments efficaces sont toujours aussi rares qu'a l'époque et malgré le fait que l'on en sache plus sur la maladie et son mode de transmission, les discriminations à l'égard des gens souffrant de cette pathologie restent énormes et terriblement affligeantes. Il est touchant d'assister à la transformation progressive d'un cow-boy haineux, antipathique et égoïste en un personnage militant, (relativement) plus ouvert d'esprit et (un peu plus) altruiste. Car le film évite la caricature et ne transforme pas forcément le personnage en une figure angélique et totalement innocente, les personnages de ce films n'étant ni foncièrement bons ni foncièrement mauvais : ils cherchent juste à servir leurs intérêts (souvent contradictoires : les malades du sida contre les usines pharmaceutiques et les médecins par exemple) et personne n'est diabolisé à outrance. Ron Woodroof, malgré toutes ses tares, finit par obtenir la compassion du spectateur et même l'admiration.

Cette empathie face aux personnages, on la doit à deux acteurs en état de grâce: Matthew Mcconaughey est incroyable dans le rôle de Ron Woodroof. Il s'efface totalement derrière son personnage, à aucun moment on ne sent un acteur faisant une performance, il est ce cow-boy se battant pour sa survie. Son jeu sonne toujours juste, il n'en fait pas des tonnes ni trop peu il est juste parfait. Je vois mal comment l'oscar du meilleur acteur pourrait lui échapper. Jared Leto, dans le rôle du travesti Rayon, est lui aussi exceptionnel : il ne tombe jamais dans la caricature ou le stéréotype, est à la fois drôle, touchant et même parfois carrément poignant. Ici aussi on oublie l'acteur pour ne voir que ce magnifique personnage de Rayon. Un oscar du meilleur second rôle ne serait pas volé pour Jared Leto.

Le film possède néanmoins quelques défauts : certaines scènes sembles survolées alors que d'autres durent exagérément longtemps et reviennent parfois trop régulièrement pour appuyer un point que l'on avait déjà compris. le scénario est très intéressant mais manque parfois de naturel et cela provoque un effet "filmique" trop appuyé (le spectateur peut parfois deviner la suite du scénario celui ci étant assez prévisible finalement). Mais malgré ces petits défauts, "Dallas Buyers Club" est une belle réussite grâce à ses acteurs exceptionnels, un contexte intéressant et un message d'appel à la lutte contre l'ordre établi toujours jouissif à voir.

Les plus :

- Acteurs exceptionnels

- Pas trop de manichéisme

- Contexte très intéressant

- De la légèreté malgré le sujet

Les moins :

- Scénario un peu prévisible et trop visible

- Mauvaise répartition de certains éléments scénaristiques (trop longs ou trop courts)

- Mise en scène sans trop de relief

Ma note :

3/4