
le cinéma de françois
Penchons-nous cette fois ci sur quelques anecdotes croustillantes concernant les films qui ont fait scandale dans l'histoire du cinéma ! Ils sont certes très nombreux mais j'ai essayé de prendre les films qui ont provoqué un véritable déluge de réactions à l'époque de leur sortie. Ces anecdotes sont tirées de documentaires sur les scandales au cinéma que j'ai eu l'occasion de visionner il y a déjà quelques temps. Sans plus attendre, c'est parti pour les scandales !
- La Grande Bouffe
Le moins que l'on puisse dire c'est que la projection de ce film de Marco Ferreri datant de 1973 au festival de Cannes ne passa pas inaperçue : la moitié de la salle qui quitte avant la fin, des huées et insultes qui fusent après la projection, les critiques qui, presque unanimement, qualifient le film d' « abject », « décadent », « honteux pour la France ».On prédit une fin de carrière immédiate aux 4 principaux acteurs (Philippe Noiret, Ugo Tognazzi, Marcello Mastroianni et Michel Piccoli) ainsi qu'aux réalisateur. Ceux-ci se font d'ailleurs insulter dans la rue et des gens vont jusqu’à refuser d'être vu dans le même restaurant qu'eux.
La raison de ce scandale est le thème et le contenu du film : quatre bourgeois fatigués de leurs vies ennuyeuses décident de se suicider en organisant un grand week-end « gastronomique » ou ils vont manger et profiter des plaisirs de la chair jusqu’à ce que mort s'ensuive. Le film étant une charge féroce contre la bourgeoisie, ses fastes exagérés et ses perversions cachées, il n'est guère étonnant que le public et les journalistes de Cannes n'aient guère apprécié le spectacle, Cannes étant par certains aspects le temple du faste et des mondanités futiles.
- Dupont-Lajoie
Comme « La grande Bouffe », « Dupont Lajoie » est une charge féroce sur une face sombre de la société française : ici le racisme "ordinaire" des français moyens. Ce film d'Yves Boisset de 1975 retrace l'histoire d'un tenancier de café raciste qui, en vacances dans un camping, tente de séduire la très jeune et charmante fille de ses voisins. Cela va mal tourner, le flirt se transforme en tentative de viol puis en meurtre lorsque la jeune fille décède en essayant d'échapper à son bourreau. Mr Lajoie décide alors de maquiller son crime en faisant accuser les travailleurs maghrébins qui logent près du camping…
Dès que le sujet est connu, avant même que « Dupont-Lajoie » ne sorte, le film fait déjà scandale : le groupe d'extrême droite Charles Martel intimide les acteurs maghrébins en les tabassant sur le tournage et dès le film sorti, de violents affrontements entre spectateurs aux opinions divergentes se déroulent dans les salles projetant le film qui sera très vite déprogrammé pour éviter une propagation des émeutes dans les salles de toute la France. Il semble que ce film évoquait un sujet qu'une grande partie des spectateurs ne voulait ni voir ni entendre.
- Cannibal Holocaust
Ce film de genre (horreur) a créé un énorme scandale en Italie lors de sa sortie en 1980. Ce voyage d'une équipe de documentaire dans une tribu cannibale mettait en scène toutes sortes d'exactions tellement réalistes que le film a été retiré des écrans immédiatement et le réalisateur, Ruggero Deodato s'est retrouvé devant les tribunaux : il a du prouver que les acteurs apparaissant dans son film étaient toujours vivants tant les scènes de meurtres semblaient réalistes ! Les juges le soupçonnaient d'avoir réalisé un « snuff movie » et l'ont arrêté pour « délit d'obscénité » . Finalement, il fut relaxé car ayant prouvé que ce film ne contenait aucun vrai meurtre.
Mais le scandale n'en fut pas fini pour autant : les mises à mort d'animaux dans le film sont eux bien réels à la grande fureur des associations protectrices des animaux. Le film fut donc amputé de ses scènes les plus controversées et put sortir en 1981 dans une version aseptisée. Le film peut être vu comme une charge contre les sociétés dites « civilisées » mais son message reste assez ambigu malgré tout. Aucun des participants à ce film n'a d'ailleurs percé par après.
- Orange Mécanique
Ce film que pratiquement tout le monde connaît aujourd'hui à fait l'objet d'un énorme scandale en 1971 lors de sa sortie : Malgré le fait que le message du film était que la société crée la violence chez les jeunes, une vague d'actes criminels commis par des jeunes se déclenche en Angleterre et tout semble accuser le film. Stanley Kubrick va crouler sous les lettres de menaces et les insultes, on accuse son film d’exacerber la violence chez les jeunes.
Kubrick va alors décider lui- même de retirer son film des salles de cinéma britanniques et d'interdire sa diffusion sur tout le territoire de la Grande-Bretagne malgré le succès colossal du film. Cet embargo ne sera levé qu'en 2000 après la mort du légendaire cinéaste.
- La Dernière Tentation du Christ
Le film qui a fait scandale avant même d'être en tournage.
En 1983 , Marin Scorcese veut réaliser l'adaptation d'un roman de Nikos Kazantzakis qui montre le Christ céder à la tentation et mener une vie d'homme normal. La Paramount accepte au départ de produire le film mais façe aux lettres de menaces, aux veillées de prières et aux accusations d'antisémitismes de la part de groupes religieux extrémistes, elle décide de se retirer du projet. Scorcese cherche alors du soutien ailleurs et en obtient d'Universal mais a encore besoin de fonds complémentaires pour réaliser son projet. Il cherche alors du soutien en France et le ministre de la culture de l'époque, Jack Lang, accepte de lui verser une subvention pour qu'il puisse mener son projet à bien. Mais la réaction des extrémistes religieux est encore une fois tellement énorme (ils inondent le gouvernement français de lettres de menaces, bloquent le standard d'appel du ministère de la culture pendant une semaine complète et une archevêque très influent va personnellement se plaindre auprès du président Mitterrand) que la subvention est finalement annulée.
Scorcese arrive malgré tout à finaliser son projet et le film sort en 1988, suscitant de vives protestations et manifestations. On va même frôler le désastre lors d'une projection en France où un incendie est bouté dans un cinéma en guise de protestation contre la projection du film « blasphématoire ». Le bilan est de 14 blessés dont quatre sévères. D'autres incendies volontaires seront perpétrés en France et aux Etats-Unis.
Apparemment, la poésie et le caractère fictionnel du film de Scorcese était trop fin pour les esprits obtus extrémistes.




