
le cinéma de françois
Plongeons nous sans plus attendre dans l'évangile selon Jaco Van Dormael et voyons si son « Tout Nouveau Testament » côtoie le divin ou se retrouve condamné au purgatoire cinématographique.
Histoire :
Dieu existe et habite à Bruxelles. Ses seuls plaisirs sont : tourmenter sa famille (sa femme et sa fille, son fils Jésus a pris le large depuis longtemps), se saouler et créer des misères pour l'espèce humaine. La fille de Dieu, lassée de son tyrannique paternel, décide de se venger de lui en envoyant leur date de décès à tout les terriens. Elle décide également de créer un tout nouveau testament et se met en quête de nouveaux disciples à travers Bruxelles.
Mon avis :
Les prémices de ce film sont extrêmement prometteurs : Dieu incarné par Benoît Poelvoorde, qui vit à Bruxelles et qui passe son temps à tourmenter l'espèce humaine qu'il a créée, cela donne envie ! Malheureusement, la bande annonce et l'accroche du film se révèlent à la limite de la publicité mensongère : la partie avec Poelvoorde-Dieu n'excède pas les 20 minutes sur une durée totale de plus d'une heure 50 ! Et ces 20 minutes constituent le meilleur du long métrage : Poelvoorde s'éclate comme un fou dans la peau d'un Dieu salopard et sadique et nous offre des moments de drôlerie surréaliste comme lui seul a le secret. Quel dommage que l'essentiel du film n'ait pas porté là dessus, on aurait eu un bijou de drôlerie vacharde.
Malheureusement, le film change de direction et devient une succession de sketches surréalistes à la philosophie new-age assez lourde : la morale de chaque histoire est bateau et un peu larmoyante. La recherche des apôtres se fait de façon extrêmement répétitive : découverte du caractère de l'apôtre potentiel, intervention de la fille de Dieu avec une morale new-age gnangnan. Une scène surréaliste sans queue ni tête plus tard, on reprend la même chose avec l'apôtre suivant. Comme il y a 6 apôtres en tout, le temps devient très vite long et je me suis surpris à décompter le nombre d'apôtres restants, espérant que le film touche à sa fin. Pour lier ces sketches, il y a heureusement des interactions de Dieu-Poelvoorde avec le commun des mortels. Encore une fois ces scènes sont drôles et plaisantes. Quel dommage que ce ne soit que quelques scènes noyées dans un pseudo surréalisme regorgeant de bons sentiments à la Amélie Poulain ! Et en dehors de Poelvoorde, les (rares) touches d'humour du film ne font pas mouche : elles sont téléphonées ou inutilement étirées en longueur.
Du côté des acteurs, Poelvoorde est excellent et en mode full cabotinage (il faut aimer), Yolande Moreau fait du Yolande Moreau et a déjà été bien meilleure, François Damiens semble sous antidépresseurs et Catherine Deneuve fait du Catherine Deneuve (à savoir la grande bourgeoise) et hérite d'un sketch ridicule et frôlant le mauvais goût. La petite fille qui joue la fille de Dieu n'est pas mauvaise mais j'ai eu du mal à comprendre tous ses dialogues à cause d'un mixage sonore désastreux.
En ce qui concerne le mauvais goût justement, le spectateur ne va pas en manquer : la direction artistique est sinistre et d'un kitch extrêmement prononcé : cela est peut être voulu mais cela m'a rendu le film extrêmement noir et déprimant alors qu'il est vendu comme une comédie ! Les effets spéciaux sont complètement ratés et renforcent l'esthétique déprimante du film.
En conclusion, « le tout nouveau testament » aurait pu être un grand film si il avait gardé son postulat de départ pour tout le film au lieu de partir en vrille dans un délire de new-age mâtiné d'absurdités de mauvais goût. En grand amateur des premiers film de Van Dormael, ce film a été pour moi une déception à la hauteur de mes attentes !
Les plus :
- Toutes les parties avec Benoît Poelvoorde
- Quelques bons dialogues (impliquant Poelvoorde encore une fois)
Les moins :
- Long et répétitif
- Du mauvais goût partout
- Acteurs inégaux
- Humour ne fonctionne pas
- Ne correspond pas à la façon dont le film est vendu
- Esthétique sinistre et déprimante
Ma note :
1/4
